Intéressement 2022 à zéro : échec des négociations

La Direction met tout le monde d’accord : 100% des organisations syndicales ont définitivement rejeté le projet de la Direction, jugé insuffisant.

La conséquence de l’absence d’accord d’intéressement ?

Zéro euro d’intéressement en 2022.

La Direction ne s’est pas privée de mettre dans la balance le non-versement d’intéressement en l’absence d’accord. Elle a en effet menacé les négociateurs de distribuer un budget équivalent, déduction faite des différentes charges sociales patronales (donc un montant bien plus faible) aux seuls salariés qu’elle jugerait « méritants ».

Ce serait une injustice faite au plus grand nombre et nierait le fait que tous les salariés contribuent aux profits de l’entreprise.

Et, ce serait une décision délibérée de ne pas partager la valeur ajoutée avec les salariés.

La Direction ira-t-elle jusque-là ? Que va-t-elle décider ?

Elle a le choix.

Pour la CFDT, la Direction peut partager et distribuer le budget initialement prévu dans l’intéressement, par le biais d’un supplément de participation sans supplément de charges ni de fiscalité.

Le voudra-t-elle ?

Oui vous avez bien lu !  Rien n’est perdu car la Direction dispose, selon la CFDT, d’au moins un autre moyen de vous distribuer l’enveloppe globale qu’elle avait prévue pour l’intéressement à des conditions sociales et de fiscalité équivalentes.  

La Direction peut donc tout à fait réaliser, en 2023, le versement qu’elle avait budgété dans son projet malgré l’absence d’accord d’intéressement.

En effet, à la condition de disposer d’un accord de participation et que la participation ne soit pas nulle (ce qui est notre cas), il est possible pour la Direction de décider unilatéralement de distribuer un versement supplémentaire à la réserve spéciale de participation.

Les bénéficiaires de ce supplément de participation sont les mêmes que pour l’intéressement (tels que définis dans l’accord de participation). La répartition de cette somme, se fait selon les règles de l’accord de participation : dans notre cas, c’est une répartition proportionnelle à la durée de présence au cours de l’exercice. Ceci représente un changement par rapport à la pratique de l’intéressement qui se fait à 50% sur le temps de travail et à 50% sur la rémunération.

Au moment de la rédaction de cette communication, la Direction n’a rien dit sur ses intentions.

LE PARTAGE DE LA VALEUR N’EST PAS, N’EST PLUS … UNE VALEUR POUR WORLDLINE ?

Comment et pourquoi n’a-t-il pas été possible de trouver les quelques 2,5 millions d’euros supplémentaires au budget prévu par la Direction et nécessaires à l’atteinte de l’objectif de l’intersyndicale, à savoir un versement moyen de 2500 € ?

Comment la Direction générale peut-elle,  pour la première fois depuis la création de Worldline, rater la mise en œuvre de cet outil vendu dans le package de rémunération aux salariés ?

Quelques chiffres :

• 2,5 M€ représentent 0,25% de la marge brute du groupe Worldline
• 3 M€ représentent la rémunération cible totale annuelle (incluant la rémunération à long terme en titres) du Directeur Général du groupe Worldline (source : document universel 2021)
• 2,5 M€ représentent 2,6% de l’OMDA France
• 5700 € est le montant d’intéressement moyen pour Ingenico (chiffres 2020) sans parler de la participation et des très avantageux abondements

Dans un contexte d’intégration des ex Ingenico dans Worldline, pourquoi n’a-t-il pas été possible d’avancer vers un juste milieu ?

La Direction souhaitant un accord sur un an, la CFDT a porté une demande modérée de progrès, ciblant pour 2022 un intéressement moyen à 2500€ avec un objectif de l’amener à un mois de salaire moyen d’ici à 3 ans.

Pourquoi n’avons-nous pas signé ?

Pour rappel, en 2021, seuls les syndicats CFE-CGC et CFDT avaient signé l’accord d’intéressement.

La CFDT avait alors considéré qu’elle avait obtenu des améliorations en fin de négociation. Et après quelques débats au sein de son collectif, la CFDT avait pris la responsabilité de signer l’accord.

Le versement de 1402 € euros bruts en moyenne en 2022 (contre 1077 € en 2021) a montré que l’efficacité de l’accord a porté ses fruits, à objectifs atteints.  

Cependant la CFDT avait clairement prévenu la direction qu’il ne serait plus question d’en rester à ce niveau jugé très insuffisant et décalé par rapport au taux de rentabilité de Worldline dès 2022.

Dans un contexte de grande différence entre l’intéressement pratiqué sur le périmètre de Worldline et,

• d’une part, celui du périmètre ex-Ingenico (rappelé ci-dessus),
• d’autre part, le montant médian d’intéressement de 3000 € pour des entreprises équivalentes cotées au CAC40,

il y avait lieu de relever fortement les pratiques dès 2022.

Ainsi, en septembre 2021, la CFDT avait rappelé dans sa communication générale l’objectif visé à 3 ans : la distribution de l’équivalent d’un mois de salaire à objectifs atteints.

Comme demandée, la négociation pour l’intéressement 2022 a débuté très tôt dans l’année (février). Mais ce n’est qu’en mai que la Direction nous propose un projet avec un intéressement moyen légèrement supérieur à celui de 2021 soit 1796 €.

Elle y ajoute une hypothétique participation pouvant aller jusqu’à 325 € par salarié.

La CFDT a immédiatement alerté la Direction sur un montant global insuffisant, mettant sérieusement en doute l’origine et la possibilité d’un accroissement de la participation dans le cadre d’une formule inchangée. Bref, un projet de la Direction totalement inacceptable en l’état.

La négociation est alors gelée par la Direction, qui annule la réunion suivante, et ne fournit aucun des éléments complémentaires demandés.

Dans ce contexte, les organisations syndicales négociatrices se réunissent sans la direction 😊 et décident de travailler ensemble. Elles élaborent une revendication commune et décident de vous demander votre avis à toutes et à tous, via un sondage diffusé dans une communication générale intersyndicale.  

La Direction bloque alors la diffusion de la communication intersyndicale contenant un lien vers un sondage, nous empêchant ainsi de vous consulter.

L’intersyndicale n’a d’autre choix que de cesser de participer à toutes les négociations, jusqu’à la résolution du problème : « la diffusion de la communication intersyndicale dans son intégralité ». 

Cette stratégie de blocage de la Direction a eu pour conséquence de ralentir notre consultation générale et l’appel à soutenir nos revendications.  

Ce n’est que le lundi 27 juin que la Direction bouge enfin. Elle met sur la table un nouveau projet à prendre ou à laisser, avec une date butoir de signature au 30 juin.

Ce projet ne comporte qu’une amélioration à la marge et n’atteint aucun des objectifs que la CFDT s’est fixés. Dans les deux hypothèses moyennes de simulation proposées par la Direction, le montant moyen versé serait compris entre 1722 € et 2016 €.

Chaque syndicat a ensuite pris librement la décision de signer ou pas le projet d’accord proposé.

La Direction a constaté le refus unanime des organisations syndicales de signer son projet d’accord.

Et 2023 ?

La CFDT continuera à lutter pour convaincre la Direction de WORLDLINE de proposer un partage de la valeur via l’intéressement digne d’une société comme la nôtre  et juste envers les acteurs de la réussite que sont les salariés.

Si nous voulons tous obtenir un intéressement à la hauteur des profits du groupe Worldline, la seule pugnacité de la CFDT et des autres syndicats représentatifs ne sera pas suffisante, démonstration en a été faite cette année.

C’est parce que les salariés Ingenico se sont mobilisés qu’ils ont obtenu un meilleur partage de la valeur de leur groupe.

Si vous pensez que vous méritez ce partage, que Worldline a les moyens de le donner, alors vous devrez agir.

Répondez positivement aux futurs appels à mobilisation !