NOS CONGES :  DE SIMPLES VARIABLES D’AJUSTEMENT DE LA MARGE PRODUITE LOCALEMENT  ?  

La Direction, après plusieurs années d’injonctions via le management pendant une période COVID, et une simple recommandation en Juin dernier, use en Novembre de la force et de la menace pour généraliser la restriction de la prise de congés restant à consommer au-delà du 31 décembre prochain. 

Cette année, la Direction impose donc à toutes et à tous un solde de congés payés réduit à 9 jours au 31 décembre 2022.

Et pourquoi ? pour atteindre des objectifs de marge en France : « Le taux de marge opérationnelle de nos activités en France constaté en fin d’année dépend également de notre provision de jours de congés à fin décembre. » écrit la Direction.

Décryptage :

Si l’on dispose de 3 jours d’ancienneté en sus des 32 jours, cela revient à imposer 75% de nos congés sur les 7 premiers mois de la période et 25% sur les 6 mois restants. Il y a un déséquilibre tel que l’on ne peut que comprendre que cela fâche ..

Une mesure à l’effet contestable : Le poids des congés payés dans les comptes de Worldline influe-t-il sur la marge ? Et si oui de combien ? L’absence totale de chiffres produits par Worldline interroge.

La Direction affirme qu’elle aurait fait ses comptes mais que compte-t-elle ? Aucun élément chiffré n’a été produit. Ce qui ne donne pas vraiment confiance !

Une méthode contestable : Atteindre un objectif de marge en « tapant » sur les congés des salariés est-il sérieux ? éthique ? pérenne ? cela a-t-il du sens ?

Vous l’aurez compris, si Worldline construit sa marge sur l’absence de Congés Payés dans ses comptes au 31 Décembre, et autres économies de fin d’année comme l’interdiction de se déplacer, le report des investissements … il y a là une fragilité problématique … et jusqu’où iront-ils ?

L’effet sur salariés et managers est incontestablement négatif : la liberté de prendre ses congés sur toute la période est perdue … alors que salariés et managers sont responsables … et cet oukase de direction générale financiarisée est très mal vécue …  éthique ou pas éthique ?

L’obligation de prendre des congés déresponsabilise les acteurs. Une décision unilatérale qui prive tout un chacun de cette responsabilité assumée d’adapter, avec son manager, les prises de congés aux projets et enjeux de productions et aux souhaits individuels. La grève en cours est pour partie alimentée par l’envie de lutter contre cette restriction ressentie comme particulièrement injuste.

La manière est détestable : la méthode de la menace …. Le déni du dialogue social … la manœuvre décrite non légalement possible  : éthique ou pas éthique ?

Inutile de vous expliquer que la Direction n’a pas véritablement consulté ni vos acteurs syndicaux, ni le CSE. Elle a simplement imposé la méthode. Bon, on se demande bien quelle rétorsion possible car la menace d’imposer des congés en Décembre parait non applicable (il y a des lois qui nous protègent) dans les délais annoncés et pour le motif évoqué.

Depuis de nombreuses années, la CFDT propose de basculer la période des congés payés du 1er janvier au 31 décembre, ce qui protègerait les intérêts de tous les salariés et également ceux de l’entreprise au-delà de la période de bascule.

La règle  consisterait à faire se rejoindre la période d’acquisition et la période de consommation sur la base de l’année civile.

Au 1er janvier, chaque salarié se voit attribuer l’intégralité des congés payés à acquérir l’année en cours et doit les consommer intégralement avant le 31 décembre (sauf les exceptions habituelles : maladie, maternité et quelques autres bien sûr). Bien sûr, Il nous faudra veiller aux dispositifs enfants malades et quelques autres encore.

Cette bascule aurait pour effet d’augmenter le nombre de congés payés provisionnés en fin d’exercice, de façon temporaire, pour l’amener au quasi zéro au terme de la période de bascule et répondre ainsi à l’objectif financier de l’entreprise.

Au 1er janvier de l’année de la bascule, un stock de congés est constitué avec le reste des congés payés de la période en cours ( 9 jours si la Direction continue et persiste ? ) ainsi que les congés acquis depuis le 1er juin précédent.  Ces congés seraient alors consommés en les étalant sur 3 ou 4 années pour ne pas générer de perturbation de la production. Des règles dédiées permettraient la distribution de ces droits à congé sur le nombre d’années retenues pour la période de bascule.

Voilà, si vous voulez en savoir plus, l’accord Atos qui pilote cette bascule dès 2017 est à retrouver ici.

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